Métaux Nobles

Métaux Nobles

Les métaux nobles 

Rares, nobles, précieux... Ce sont des adjectifs que l'on rencontre fréquemment pour désigner certains métaux, en particulier lorsqu'on s'intéresse à la bijouterie. De fait, il y a une différence considérable - notamment en termes de prix - entre les objets faits d'alliages divers et les ouvrages d’or et d’argent. Pourtant ces notions restent bien souvent mal connues du grand public. Petite explication en quelques lignes !

 

MÉTAUX NOBLES : Un peu de (Al)chimie

Si certaines découvertes restent peut-être encore à faire, on dénombre aujourd'hui sept métaux nobles : l'argent, l'or et les platinoïdes (une famille qui comprend notamment le platine, le palladium et le rhodium pour citer les plus utilisés en bijouterie). Ces métaux ont tous en commun une propriété extraordinaire : leur résistance à l'oxydation.

Il faut ici entendre oxydation au sens premier du terme, autrement dit, une réaction de corrosion qui se produit en présence de molécules d'oxygène. Nous passerons sur les subtilités complexes du phénomène, mais on peut en mentionner quelques exemples bien connus : la rouille - qui se forme sur les métaux ferreux - ou le vert-de-gris, cette patine propre aux objets cuivreux, qui donne aux vieilles statues de bronzes un cachet si caractéristique.

Or comme nous l'avons dit, les métaux nobles se distinguent par une exceptionnelle résistance à la corrosion. L'or est particulièrement stable. Hormis de rares réactions qui - rassurez-vous - ne risquent pas de se produire dans votre boîte à bijoux, il est inaltérable. Les propriétés chimiques de l'argent sont quant à elles un peu plus complexes. Néanmoins, contrairement à ce que l'on croit souvent, il est également insensible à l'oxygène.

Cette propriété extraordinaire fut identifiée très tôt et conduisit les savants de l'Antiquité à classifier les sept métaux connus alors, selon une hiérarchie définie. Au bas de l'échelle se trouve le plomb, lourd et terne, régi par Saturne. À l'opposé, l'argent, associé à la Lune, le plus blanc et le plus brillant des métaux, et bien évidemment l'or, au jaune inaltérable, lié au soleil. Cette idée sera largement reprise et diffusée par la science alchimique tout au long du Moyen Âge et de l'époque Moderne. On considère alors que les métaux dits "vils" sont des états abâtardis des métaux nobles et qu'il est possible, par diverses manipulations, d'en extraire les impuretés pour les faire transmuter vers leur forme parfaite : l'argent et l'or.

 

Manuscrit alchimique avec dessin du soleil, lune et Mercure

Recueil de traités alchimiques en langue latine, Origine inconnue, XVIIIe

Source gallica.bnf.fr / BnF

 

MÉTAUX PRÉCIEUX : De la rareté à la valeur

Il faut ici mentionner l'évidence : ces métaux sont considérés comme précieux avant tout, car ils sont rares. Extrêmement stable dans le temps, l'or et l'argent constituèrent pendant des siècles, le meilleur moyen de quantifier et matérialiser la prospérité des hommes, des commerces ou des États.

En un mot être riche, c'est posséder de l'or et de l'argent, et lorsqu'on est riche on se plait généralement à le montrer ! Particulièrement malléables, faciles à fondre et à façonner sous diverses formes ces métaux sont des matériaux de choix pour la fabrication d'objets de prestige et d'apparat, parmi lesquels on retrouvera bien sûr, les bijoux !

Pour faciliter la circulation de cette richesse, on fit également des monnaies dont la valeur fut longtemps intrinsèque, c'est-à-dire équivalente à son poids métallique. Il serait trop compliqué d'entrer ici dans le détail, mais ce n'est qu'avec l'afflux de ressources issues des Amériques que celle-ci deviendra progressivement fiduciaire (autrement liée à une valeur symbolique reconnue et acceptée de tous).

 

 Drachme, Or, Origine et date incertaines, Bruttium

Source gallica.bnf.fr / BnF

 

Si ces éléments contribuèrent à faire des métaux nobles des matières précieuses et recherchées, cette notion reste néanmoins variable. Elle évolue en fonction des époques, des réserves disponibles et de la demande. Comme son nom l'indique, le platine (de l'espagnol platina qui signifie "petit argent") suscitait bien peu d'intérêt lorsqu'il fut importé du Nouveau Monde. En effet, on ne disposait pas alors des moyens de le fondre et il n’était donc, pour ainsi dire, bon à rien ! À l'inverse, le palladium est aujourd'hui très recherché pour ses applications industrielles, et son cours dépasse actuellement celui l'or. Très dépendante de cette demande, sa valeur reste néanmoins particulièrement volatile.

À ce propos, il est difficile de prédire l’avenir ! Compte tenu des réserves connues, l'argent, par exemple, serait sous-coté. On ne peut cependant pas exclure que de nouveaux filons soient découverts. Depuis quelques années, la NASA s'intéresse de près à l'astéroïde Psyché : composé en grande partie de métaux rares et précieux, les scientifiques espèrent que son étude permettra de mieux comprendre la composition de notre propre planète. Si l’on est encore loin de pouvoir exploiter ce type de ressources, certains y songent déjà sérieusement, et on peut aisément comprendre qu'un tel apport aurait un impact considérable sur la valeur de ces minerais !

 

POUR RÉSUMER :

ARGENT

Connu depuis la préhistoire son nom proviendrait d'une racine indo-européenne renvoyant à l'idée de blancheur et de brillance que l'on retrouve dans le grec argyros ou le sanskrit arjun. De fait, il est le plus blanc et le plus brillant des métaux comme en atteste son utilisation en miroiterie. Insensible à l'oxygène, il s'altère néanmoins sous l'action de certains produits chimiques, dont le souffre et le chlore (attention donc aux piscines et produits d'entretien). Les anciens Grecs l’associaient à la Lune ainsi qu'aux déesses Séléné et Artémis. Remarquablement malléable, il fut largement employé pour la réalisation de bijoux, de monnaie ou de vaisselle notamment, car son caractère inoxydable préserve le gout des aliments. Il possède par ailleurs des vertus antiseptiques et antibactériennes avérées qui lui valurent d'être considéré comme un moyen de repousser les forces maléfiques, loups-garous et autres créatures démoniaques.

 

OR

Connu depuis la préhistoire et prisé pour son jaune flamboyant, l'or est le plus inaltérable des métaux. Cette propriété lui vaut d'être érigé en symbole de perfection, d'éternité et de royauté. Tout comme l'argent, son nom proviendrait d'une racine indo-européenne renvoyant à l'idée de brillance, que l'on retrouve notamment dans le mot aurore. Assez logiquement, il fut associé par de nombreuses cultures à l'astre solaire. Jusqu'à l'avènement de la chimie moderne dans le courant du XVIII siècle, il fut au centre des préoccupations des alchimistes qui pensaient parvenir à percer le mystère de son apparente perfection : tout métal était selon eux, une forme imparfaite de l'or et pouvait être parachevée au moyen de diverses manipulations. Il motiva la conquête du Nouveau Monde par les colons européens et fut au centre de la guerre Américano-Mexicaine pour la domination de la Californie, où nombre de malheureux perdirent fortune et raison à sa recherche. Il occupe jusqu'à aujourd'hui un rôle important dans l'économie mondiale.

 

PLATINOÏDES

Cette famille regroupe sept métaux : le ruthénium, le rhodium, le palladium, l'osmium, l'iridium, le platine, et le rhénium. Connu des civilisations précolombiennes qui l'employèrent pour façonner des objets par martelage, le platine est le premier de ces sept métaux à être formellement identifié. On en trouve les premières mentions en Europe au XVI siècle, à la suite de son importation par les colons espagnols qui le nommèrent platina (petit argent). Beaucoup moins malléable que l'or et l'argent, plus sombre que ce dernier, et impossible à fondre avec les technologies de l'époque, il suscite peu d'intérêt. Il faut attendre le développement de la chimie moderne et la fabrication de nouveaux outils au tournant du XIX siècle, pour que ses dérivés (cités plus haut) ainsi que leurs propriétés spécifiques soient identifiés. Progressivement les platinoïdes deviennent prisés en joaillerie pour leur robustesse et leur résistance au ternissement, ainsi que dans l'industrie (automobile et électronique en particulier). Le prix augmentant avec la demande ils sont dès lors considérés comme des métaux précieux.

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